L’armagnac est, comme le cognac, un brandy, eau-de-vie produite à base de vin. Moins célèbre que sa cousine cognaçaise, elle n’en est pas moins qualitative. D’ailleurs, nous pouvons sans prendre trop de risque dire qu’il est un spiritueux emblématique de la région de Gascogne. Beaucoup d’ailleurs comparent les deux en les rapprochant des frères “ennemis” Bordeaux et Bourgogne. L’un étant composé essentiellement de grandes maisons qui rayonnent, l’autre de plus petits domaines, vignerons. Son image est donc plus artisanale, plus rustique et authentique. Si la comparaison peut être valable pour quelques producteurs d’un côté comme de l’autre, il ne faut pas non plus en faire une généralité !

L’histoire de l’Armagnac

L’histoire de l’armagnac remonte aisément à plusieurs siècles. Les sources s’accordent à dire que ce seraient les moines de l’abbaye de La Case-Dieu, dans le Gers, qui auraient créé le premier armagnac au XIIIe siècle. Pour cela, ils auraient distillé du vin pour produire un spiritueux à des fins médicinales. Cependant, ce spiritueux tel qu’on le connaît aujourd’hui a réellement éclot durant les XVIIe et XVIIIe siècles. Et notamment lorsque la région a commencé à exporter ses produits vers l’Angleterre et les Pays-Bas.

Déjà alors considéré comme un rival du cognac, sa réputation n’était plus à faire en dehors des frontières françaises. Au fil des siècles, l’armagnac a continué à évoluer. Il a su profiter des innovations de la production viticole tout en conservant sa typicité. Il est d’ailleurs protégé par son appellation d’origine contrôlée (AOC).

La région de l’Armagnac

Sa région de production est découpée en 3 sous-régions : le Bas-Armagnac (représentant 65% de l’appellation), la Ténarèze et le Haut-Armagnac. Chacune de ces régions possède des caractéristiques uniques en termes de sols, de climat et de techniques de production. Ce qui donne des armagnacs avec des profils de saveurs différents.

AOC armagnac, bas-armagnac (en rouge), armagnac-ténarèze (en jaune) et haut-armagnac (en marron) dans le département du Gers Par Lvcvlvs — This file was derived from:File:Blank Map of Gers Department, France, with Communes.svg, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=20693988

La Ténarèze est la plus grande zone de production. Les sols y sont plus argileux, ce qui donne des alcools souvent robustes et plus corsés. Le Haut-Armagnac possède des sols plus calcaires, apportant une complexité et un côté épicé spécifique.

Le Bas-Armagnac est considéré comme la zone de production la plus prestigieuse. Les sols y sont riches en sables fauves.Les eaux-de-vie y sont plus légères et plus fruitées.

Généralement, les spiritueux composés à base de vins des deux premières sont vendus en tant qu’Armagnac. Le Bas-Armagnac étant la région la plus réputée, ses vins sont vendus avec son appellation éponyme.

L’appellation d’origine contrôlée

L’appellation d’origine contrôlée (AOC) Armagnac est une appellation qui protège la production de cette eau-de-vie. Elle garantit l’origine et la qualité du produit. Elle est régie par des règles strictes en termes de production, de vieillissement et de mise en bouteille. Le tout afin de préserver la qualité et la tradition du spiritueux.

Selon la norme, l’Armagnac doit être distillé à partir de vin blanc issu de raisins provenant exclusivement de la région de production. Il sera ensuite vieilli en fûts de chêne pendant au moins deux ans. Il existe un classement assez similaire à celui du voisin de Cognac pour identifier les alcools ayant vieillit le plus longtemps :

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  • Armagnac VS (Very Special) ou *** : assemblage d’alcools dont le plus jeune a vieilli au moins un an en fûts
  • Armagnac VSOP (Very Superior Old Pale) : vieillissement d’au moins 4 ans
  • Armagnac Napoleon : vieillissement d’au moins 6 ans
  • Armagnac XO (Extra Old) : vieilli au moins 10 ans
  • Armagnac XO Premium ou Hors d’Âge : composé d’alcools dont le plus jeune a vieilli plus de 10 ans

En plus de cette classification basée sur l’âge, il existe également des armagnacs millésimés, qui sont produits à partir de raisins d’une seule année de récolte.

Cépages et distillation de l’Armagnac

Les cépages utilisés pour son élaboration sont essentiellement l’ugni blanc et le baco 22A. Ils représentent à eux deux 90% de l’encépagement. Le baco 22A est un cépage hybride, créé à partir d’un croisement entre le folle blanche et l’ugni blanc. La folle blanche et le colombard se retrouvent également présents dans les vins de base.

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Les vins produits sont souvent très légers, avec une très forte acidité et sont rapidement distillés. Contrairement au cognac, il ne connaît qu’une seule distillation en alambic à repasse (pot still). Il sort de ce dernier entre 52% et 72% d’alcool.

L’élevage

Une fois distillée, l’eau-de-vie peut alors être élevé en fûts de chêne pendant une durée assez équivalente à celle du cognac. On notera que la production d’armagnac millésimé est plus grande que celle de cognac millésimé.

J’ai la flemme de tout lire : c’est quoi la différence entre l’Armagnac et le Cognac ?

Ils sont tous deux des eaux-de-vie produites en France, mais ils ont des différences significatives dans leur processus de production et lieu de production.

Le cognac est produit dans la région de la Charente, en utilisant essentiellement de l’ugni blanc. L’Armagnac est produit dans en Gasgogne, en utilisant des l’ugni blanc, mais aussi le baco 22A. Le processus de distillation est également différent : le cognac subit deux distillations en alambic en cuivre, tandis que l’armagnac subit une simple distillation en alambic à double colonne.

En termes de goût, le cognac a tendance à être plus doux et plus floral, avec des notes de vanille et de fruits, tandis que l’armagnac a un goût plus puissant, certains diraient plus rustique.

En résumé, bien qu’ils partagent certaines similitudes, le cognac et l’armagnac sont deux spiritueux distincts, chacun avec ses propres caractéristiques et son propre héritage culturel.