Si chaque vin et spiritueux porte avec lui une charge historique, le rhum est certainement alors celui qui tient le haut du panier. Car avec son l’histoire, c’est toute l’histoire de l’Amérique qui s’est écrite, de sa découverte à son indépendance. Son image surfe d’ailleurs beaucoup sur son image révolutionnaire, en particulier dans les pays sud-américains. Mais qu’en est-il ? Dans ce billet, nous allons présenter dans les grandes lignes le rhum. Son histoire, ses origines. Prêts à plonger dans le monde fascinant du rhum ? Commençons cette formation !
L’histoire du rhum
Les origines du rhum aux Caraïbes et commerce triangulaire
Le rhum est un spiritueux qui a une histoire longue et très complexe. On le retrouve au coeur de nombreux événements économiques, politiques et sociaux. Sans surprise, son lieu de naissance sont les îles des Caraïbes. C’est là qu’il a été produit pour la première fois au XVIIe siècle à partir de la canne à sucre cultivée sur les plantations.
Le rhum a une histoire assez sombre. Il est en effet intimement lié au commerce triangulaire entre le XVIIe et XIXe siècle. A titre de rappel, ce que l’on appelle commerce triangulaire consistait en un échange de produits entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques. Les négociants européens échangeaient des biens (et notamment de l’alcool) contre des esclaves en Afrique. Ils les transportaient alors aux Amériques pour travailler dans les plantations. Et notamment les plantations de canne à sucre.
Les propriétaires de ces plantations produisaient donc le sucre. Ils le vendaient ensuite, transformé ou non en rhum aux Européens… qui reprenaient le cycle. Ce commerce cruel a donc été directement lié à l’industrie du rhum. Il a laissé une marque indélébile sur l’histoire de la boisson. Cette période très sombre a, malgré elle, contribuée à propager le rhum dans le monde entier et à en faire la boisson populaire qu’il est aujourd’hui.
L’impact sur l’indépendance américaine
Tout comme le thé, le rhum a joué un rôle important dans l’indépendance des États-Unis. Dans les années 1760 et 1770, les colonies américaines étaient de plus en plus insatisfaites de la domination économique et politique de l’Angleterre. On parle beaucoup du « Boston Tea Party » en 1773 où les américains ont protesté contre les taxes sur le thé. Durant cet évènement, des colons masqués ont jeté des caisses de thé dans le port de Boston. Marquant ainsi leur refus de payer les taxes imposées par l’Angleterre. Moment clé dans les livres d’histoires, car il a mené à la Révolution américaine et à l’indépendance des États-Unis.
Cependant, le rhum était également fort taxé, comme tout produit de la distillation. Distillation qui était soumise à certaines restrictions et à des taxes imposées par l’Angleterre. Les colonies américaines étaient considérées comme des marchés importants pour les produits anglais. L’empire britannique cherchait à contrôler les importations et les exportations de produits, y compris les spiritueux. La distillation étant contrôlée et l’Angleterre pilotant le commerce du rhum, la taxation était forte sur les colonies pour un spiritueux dont la matière première et la distillation était faite sur place. L’ensemble de ces taxes ont contribué à la frustration économique et politique des colonies. Cela a ajouté de la pression sur les révolutionnaires en quête d’indépendance.
On notera d’ailleurs que dès l’indépendance, la distillation de spiritueux aux Etats-Unis est devenue plus largement acceptée. C’est même devenu une industrie en croissance. L’adoption de la Constitution américaine en 1787 a permis la mise en place d’une structure gouvernementale stable qui a permis l’expansion économique et la croissance de nombreux secteurs, y compris celui de la distillation d’alcool.
L’élaboration du rhum
A l’origine du rhum : Jus de canne à sucre ou mélasse ?
Le rhum est un spiritueux produit à base de canne à sucre. Cette matière première peut se présenter de deux manières :
- sous forme de jus de canne à sucre. Jus qui sera alors fermenté puis distillé,
- sous forme de mélasse. Sous-produit de la transformation de la canne à sucre
Le jus de canne à sucre est un liquide clair et sucré obtenu à partir de la première extraction de la canne à sucre. C’est une matière première qualitative car contenant une quantité élevée de sucre fermentescible. Mais il est coûteux à produire et transporter.
La mélasse est un sous-produit de la production de sucre, obtenu lors du traitement ultérieur de la canne à sucre pour extraire le sucre cristallisé. C’est une sorte de pâte noire, moins coûteuse à produire et facile à transporter. Cependant, elle contient des impuretés et nécessite un traitement particulier.
Si la matière première est le jus de canne à sucre, on aura tendance à l’appeler rhum agricole. Il présente des arômes souvent plus puissants, plus épicés et plus fruités que son cousin, le rhum dit industriel.
Ce dernier, issu de la distillation de mélasse fermentée, présente souvent des arômes plus discrets et plus ronds.
La distillation
Les rhums peuvent être distillés dans des alambics à repasse (pot still) ou à colonne (coffey still). Dans le premier cas, ils donnent souvent des alcools plus puissants en arômes, avec un caractère plus affirmé. C’est la solution souvent privilégiée pour les agricoles.
Distillé dans un alambic à colonne, il sera plus neutre, plus léger, ce qui convient à de nombreux industriels.
Cependant, il n’y a pas de règle immuable. Beaucoup de distilleries jouent à assembler les différents rhums distillés et élevés de manières différentes pour produire l’assemblage qui leur sied le mieux. Une distillation en colonne sortira une eau-de-vie avec un taux d’alcool inférieur à 96%. Le rhum agricole des Antilles françaises sera forcément distillé dans un alambic à repasse et ne pourra dépasser 75%.
L’élevage
Les eaux-de-vies peuvent être élevés en fûts (de Bourbon ou de chêne le plus souvent), ce qui leur apporte rondeur et arômes d’élevage. La chaleur sous les Tropiques leur permet aux rhums en gagnant des arômes de caramel, de vanille, de fruits exotiques… et ce bien plus rapidement que d’autres spiritueux élevés sous des latitudes plus fraîches. La couleur des rhums est souvent rectifiée au caramel.
Les lieux de production du rhum
Le rhum peut être produit partout. Mais ce sont souvent les pays producteurs de canne à sucre qui en sont les principaux fabriquants : Antilles, pays d’Amérique latine et centrale, îles du Pacifique, de l’océan Indien…
Les plus grands producteurs de rhum sont néanmoins les Caraïbes avec Cuba, la République Dominicaine, Trinidad et Tobago, la Jamaïque et la Barbade. Evidemment, les îles françaises de la Martinique et Guadeloupe sont bien positionnées.
Iil y a également des producteurs de rhum aux États-Unis, aux Îles Vierges américaines, en Colombie, au Brésil et en Inde. Chacun de ces pays a son propre style et sa propre tradition de production de rhum. Tradition qui se reflète dans les différences de goût et de qualité des rhums produits dans chaque région. . On pense naturellement au Brésil qui produit un alcool célèbre à base de jus de canne à sucre. Ce dernier, fermenté et distillé à 40% uniquement s’appelle cachaça . Et il commence à se faire un nom dans tous les grands bars de la planète !
Rhum blanc, ambré et brun
Un rhum blanc est essentiellement issu de la distillation en colonne. Cependant, le niveau de sortie plus faible des rhums agricoles blancs leur donne des arômes plus caractéristiques et plus fruités que les rhums industriels blancs.
Les rhums ambrés sont souvent issus d’assemblages de divers rhums distillés et élevés de manière différentes, afin d’offrir un maximum de complexité à l’ensemble.
Enfin les rhums bruns sont souvent des rhums en provenance d’une distillerie unique, très fortement rectifiés au caramel, et offrant des arômes très originaux. Épices puissantes, mélasse brûlée, caoutchouc pour certains… ce sont des rhums très haut de gamme et souvent très prisés.
Si vous voulez en comprendre plus, retrouvez ici les différents types de rhums !
