Rencontre – exceptionnelle – avec les whiskies BenRiach, GlenDronach et Glenglassaugh

Il est des rencontres superbes, enivrantes et inspirantes que l’on ne peut faire qu’une paire de fois dans une vie. Rencontrer Rachel Barrie, la master blender des distilleries BenRiach, GlenDronach et Glenglassaugh en fait partie. Ayant fait ses armes chez Ardbeg, Laphroaig, Bowmore ou encore Glenmorangie, on ne peut qu’être en admiration devant un tel CV. En admiration, et se sentir chanceux de la rencontrer durant ses quatre petites semaines où elle quitte les embruns écossais pour aller vaquer de part le monde.

Rachel Barrie s’occupe donc non pas d’un, mais de trois beaux bébés que sont BenRiach, GlenDronach et Glenglassaugh. Si ces trois distilleries ne sont pas si éloignées (un grand maximum de 32 miles, soit un peu plus de 50km), chacun a sa personnalité à comprendre, cultiver, et exprimer dans les bouteilles.

GlenDronach est une distillerie cachée dans une vallée, au coeur des arbres quand BenRiach est à équidistance de la mer et de la montagne. Deux styles différents à accorder sur une même partition. Enfin, Glenglassaugh a une particularité : être le seul « Glen » à proximité de la mer. Cela en fait un whisky qui se doit d’être marin, sans non plus renier ses origines du Speyside.

Mais assez parlé, goûtons !

BenRiach 10 ans Curiositas 46%

On est emballé par un superbe nez, fruité, doux et fumé. C’est presque surprenant d’avoir un côté aussi gourmand si bien intégré avec la tourbe.

La bouche est douce, délicate, tout en restant gourmande. La tourbe n’arrive qu’en milieu de bouche, offrant un équilibre entre le fruité et le tourbé assez unique et agréable.

On va retrouver des arômes de marshmallow grillé, de crème brulée, de vanille, de tarte tatin.

BenRiach 30 ans Authenticus 46%

Rien qu’à l’observer, on sent que l’on va être sur un whisky beaucoup plus sage et profond que le 10 ans. La couleur est ici intense, profonde.

On trouvera des notes fines et délicates de fruits à coque, associés à une tourbe très discrète. Entre l’abricot confit, le miel et le touffe, une expression légèrement fumé nous accrochera.

Dès la mise en bouche, on sent une grande expressivité. On retrouve les fruits confits, le miel, mais aussi un côté végétal, mentholé. La sucrosité arrive après, avec la vanille, le caramel, avant de s’effacer sur une finale presque saline, avec un léger arôme de réglisse.

Pour un 30 ans, on est surpris par une telle fraîcheur et longueur en finale.

GlenDronach 1995 (22 ans) PX 55,1%

Rachel Barrie a indiqué le souhait de la distillerie de s’offrir paris les plus beaux fûts de PX afin de réaliser ce batch.

La couleur profonde ne trompe pas, le PX a bien marqué le whisky ici.

Et la couleur n’est pas la seule preuve. Le côté fruité, sucré, avec ces arômes de raisin est un marqueur fort du vieillissement en fûts de PX. Une superbe complexité, où le tabac côtoie des épices, du caramel, des dates, le tout avec une pointe de chocolat.

La bouche est à la fois douce, grasse, huileuse, profonde. On pense à une forêt noire en bouche, où le chocolat et les cerises noires se retrouvent, dans une finale longue portée par la prune et le rancio.

GlenDronach 1992 (21 ans) Oloroso 56%

Comme pour le PX, ici, difficile de renier le fût d’Oloroso. Le nez évoque immédiatement le Sherry, la noix, le rancio. Les notes boisés sont discrètes.

La bouche est vive, fraîche. Saline, elle retrouve le côté des noix et de la crème caramel. Les épices relèvent la finale (le gingembre) avec une touche d’orange confite. La finale est superbe, fraîche et épicée, un bonheur.

Glenglassaugh 1978 (33 ans) Madère 44%

Attention, dégustation(s) exceptionnelle(s) que les deux Glenglassaugh à venir.

On commence par cette bouteille de 1978, au nez d’une grande puissance, profondeur et intensité sur les amandes. La proximité de la distillerie avec la mer ne pourra pas être renié par ce côté très salin, frais, marin. Un whisky de méditation d’une profondeur impressionnante, entre salinité, rancio, fruits tropicaux confits.

En bouche, c’est un whisky profond, tout en longueur. Une grande complexité (épices, caramel, fruits confits, amandes grillées…) est portée par cette trame marine et cette fluidité exceptionnelle.

Glenglassaugh 1967 (45 ans) Porto Ruby 50,2%

On remonte un peu plus encore dans le temps, avec cette bouteille de millésime 1967.

Le nez est encore totalement vivant, et d’une grande expressivité ! On y trouvera des fruits exotiques confits, des amandes douces, de la noix de coco, des épices fines, un bois de chêne parfaitement intégré.

A la fois fin et gourmand, son origine du Speyside est évidente tellement les fruits sont encore très présents. C’est une explosion de pêche, abricot compoté, de poivre blanc, le tout en gardant une expression fumée et de la salinité en finale.