Ce n’est un secret pour personne, le vin n’occupe pas tout mon temps libre… Non, la BD est un petit village gaulois qui résiste toujours et encore à l’envahisseur. Manga, comics ou BD « franco-belge », j’éprouve une profonde affection pour cet art qui a su me faire rire, aimer, pleurer… Bref vibrer. Tout comme le vin en somme !
Quelle belle surprise alors quand un jour, un très bon ami me prête un ouvrage que je ne connaissais point : Les ignorants d’Étienne Davodeau. Longtemps restée dans un coin de mon appartement faute de temps, bien m’en a pris d’en ouvrir la première page un soir.
Le pitch est simple : Etienne Davodeau est auteur de BD et n’a strictement aucune connaissance en vin. Richard Leroy est vigneron et n’a strictement aucune connaissance en BD. Ce récit nous permet donc de suivre nos deux compères pendant un an, partagés entre les vignes, chais, éditeurs et salons de bande-dessinée. Chacun va apprendre sur le domaine d’expertise de l’autre, et surtout apprendre que ces deux domaines ont énormément de points communs.
L’initiation de ces deux ignorants dans le domaine de l’autre est présentée avec beaucoup de précision, sans jamais faire disparaître l’émotion. On vibre sur la description de Maus d’Art Spiegelman faite par Etienne autant que sur les Billes de Roches de Mélaric 2008, flacon présenté parmi les plus grands par Richard.
Le dessin est simple mais accrocheur, sachant tout aussi bien fourmiller de détails que laisser la place à l’imagination quand il le faut.
Ce livre est un réel plaisir à dévorer (lu en une traite sans aucune pause pour votre serviteur), et n’est pas sans me rappeler certains passages du livre de Jonathan Nossiter « Le Goût et le Pouvoir ». Alors que c’est la BD qui est ici comparée au vin, Nossiter le comparait lui au cinéma. Mais le vin, tout comme le cinéma, la BD ou la musique est avant tout un art, outil d’expression, d’émotions et de partage.
Vous l’aurez compris, c’est donc sans hésitation que vous devez vous ruer sur cette BD si vous aimez un tant soit peu le travail de la vigne ou du dessinateur, ou des deux ! Et moi, pour remercier mon ami de ce conseil on ne peut plus judicieux, je me dois de lui rendre la pareille en lui faisant découvrir une flasque qui le réjouira autant que la BD… La barre est haute, la pression insoutenable…