Aujourd’hui, petit billet coup de gueule envers une politique qui commence de plus en plus à me courir sur le haricot, moi amateur de vins, et en particulier durant ces chaudes journées d’été.
Le parisien au soleil
Ce n’est un secret pour personne, je suis un parisien (bouuuuuuuhhhhhhh !!!). Qui en plus aime sa ville et s’y sent bien (et pourtant, je prends le métro tous les jours, j’ai un gros côté masochiste il faut croire). C’est donc avec un entrain non dissimulé que je sors ces derniers week-ends. Panier sous le bras, je m’en vais profiter d’un petit pique-nique dans les parcs parisiens ou les magnifiques quais de Seine. Car oui, Paris, c’est aussi super bien pour faire un pique-nique devant le Louvre, sur le Pont des Arts ou sur un quai avec une petite vue sur la Tour Eiffel/le Grand Palais/Notre-Dame (rayez la mention inutile).
Du vin à Paris, mais pas pour un pique-nique
Sauf que depuis quelques années, Paris semble souffrir de la même schizophrénie qui touche la vision française du vin. Ainsi on est fier de montrer la plus belle ville du monde avec le regard de Woody Allen (les quais, les parisiens heureux qui font la fête…) mais attention ! On ne doit pas voir un seul goulot de bouteille sur ces lieux ! Oui, pas un goulot de bouteille sur le Pont des Arts (alors que tous les guides à destination des touristes étrangers vantant la France vendent les parisiens prenant des pique-niques sur ce pont dès l’été venu), ni sur les quais de Seine, et encore moins face à la Tour Eiffel, oui monsieur !
Cachez cette bouteille que je ne saurais voir
Il est même arrivé à votre serviteur de se faire refouler du Champs de Mars, face à la Tour Eiffel (symbole franchouillard n°1), lors des festivités du 14 Juillet (symbole franchouillard n°2), car… accrochez-vous… Il avait dans son sac – enfer et putréfaction – un … je n’ose même pas dire le mot… un… un MUSCADET !!!
Oui, un Muscadet, bouteille du diable s’il en est, et symbole franchouillard n°3 le vin non ? L’histoire ne dira pas si j’avais une baguette sous le bras, un béret, un calendos bien fait et une marinière, trop de clichés tuent le cliché.
Donc voilà, refoulé de la fête national devant notre symbole car j’ai eu l’outrecuidance d’apporter de l’ALCOOL. Voilà, le mot est lâché. C’est à chaque fois l’excuse que j’ai reçue de la maréchaussée. « Pas d’alcool ici », cette phrase je l’ai entendue devant mon Muscadet du Domaine de la Garnière, devant une Fleur de Terroir de la Ferme Saint-Martin, devant un Yo No Puedo Mas du Mas d’Agalis…et j’en passe, souffrance.
Donc ok, le vin est interdit car c’est de l’alcool…Passons. Et étirons un peu la logique voulez-vous ?
La bouteille ou l’alcool ?
Bizarrement, dans toutes mes vadrouilles, je n’ai jamais vu la maréchaussée ouvrir les bouteilles d’Oasis et autres Coca-Cola. Car il serait bien de vérifier si leur contenu n’a pas été coupé avec un sombre whisky ou une mauvaise vodka. Attention, je ne parle pas ici d’un petit Cuba Libre ou d’un Screwdriver dans les règles de l’art. Non, je parle d’un mélange brutal entre un alcool quelconque n’excédant pas 10€, distillé avec le mal de tête et les dangers en bonus, avec un jus d’orange premier prix ou un vulgaire Cola de discounter. Et bien étonnamment, JAMAIS une bouteille n’a été ouverte, sentie voire goûtée afin de voir si ce n’était pas de « l’alcool » qu’elle contenait.
L’hypocrisie des autorités
J’en déduis donc une logique implacable : Ce n’est donc pas l’alcool et ses méfaits que l’on chasse (car souvent, on finit plus mal après 1L de vodka truchmulnikov mélangée avec 50cl de jus d’orange Best Price Ever qu’après 75cl de Muscadet). Non, ce que l’on chasse, c’est l’image. Bouhhh, imaginez un peu, voir du vin, à Paris !
Et encore pire, le voir durant un pique-nique, comme un participant normal à ce dérivé estival du repas classique français. Une expérience récente a confirmé ce point de vue… quand un agent m’a gentiment demandé de « cacher » ma bouteille un midi dans un parc (oui, je suis un dangereux récidiviste). La bouteille étant un Dom Perignon 2000 que nous partagions en l’honneur de votre serviteur, je trouvais cela scandaleux de la cacher mais bon… au moins la franchise a été de la partie. Le problème n’est donc pas « l’alcool », mais la vision diabolique de la bouteille de 75cl contenant le fruit du travail du vigneron.
Pourquoi pas de vin dans un pique-nique ?
J’en viens donc (enfin) au fait : S’il vous plait messieurs des autorités, arrêtez votre hypocrisie. De deux chose l’une, soit vous bannissez l’alcool et ses méfaits. Dans ce cas n’acceptez que les bouteilles en plastique hermétiquement fermées (et/ou ouvrez et goûtez toutes les bouteilles d’Oasis…bon courage). Soit vous dites officiellement que la bouteille de vin est interdite de citer durant les pique-niques parisiens. Et dans ce cas, interdisez la aussi dans tous les films et toute l’imagerie vantant (vendant) la capitale française, au moins vous serez un minimum cohérent.
Et donc prenez le risque de casser l’image de cette France qui ramène tant de revenus par le tourisme (merci Woody, Jean-Pierre avec Amélie Poulain, Sabrina avec Audrey, Richard, Ethan et Julie…).
A trop vouloir préserver son image bien-pensante, on jette le bébé avec l’eau du bain. D’où mon coup de gueule du jour, qui je le sais n’ira pas pisser loin. Et qu’importe, au moins, ça me fait du bien de le dire. Et si jamais vous avez expérimenté la même chose dans vos villes (je n’ose même pas l’imaginer à Bordeaux, Lyon, Dijon et autres Reims…), dites-le, lâchez-vous, car des fois, ça fait du bien.
P.S : Remarquez les sources de ces photos, que des sites vantant le tourisme à Paris !!!