Combien de fois nous sommes-nous fait berner par une bien belle étiquette négligemment posée sur un flacon ?
Certains vous diront un « jamais » plein d’une forte estime d’eux-mêmes, d’autres « souvent », et la bonne réponse est que l’on ne le sait jamais. Tout simplement car l’appréciation d’un vin passe par de nombreux facteurs aussi divers que variés : sa qualité intrinsèque bien évidemment, mais aussi votre état de fatigue, les gens avec qui vous le partagez, certains affirment même la position de la Lune… Et donc forcément votre ressenti sur l’étiquette.
Je me suis amusé durant le concours du salon du vigneron à justement juger des bouteilles de la manière la plus neutre possible, faisant fi de tous les points précédents pour ne garder que la qualité du produit. De la même façon, j’ai bu récemment une bouteille sans étiquette qui m’avait été offerte par un ami ayant un certain nombre de contacts viticoles. C’était pour une soirée de travail sur le montage d’un court métrage avec un bon ami, et je dois l’avouer, j’avais quand même prévu une bouteille en backup, au cas où la première serait décevante, ou même si l’on avait un peu trop soif. La seconde bouteille n’a pas été ouverte, car ce Sancerre inconnu du milieu de la décennie 2000 (bah oui, pas d’étiquette, difficile de connaître le domaine et le millésime…) était magique. Droit, franc, respirant des agrumes frais tout en ayant déjà commencé à évoluer (cela se voyait rien qu’à sa robe dorée), il est automatiquement entré dans mon top 3 des Sancerre avec Vincent Pinard et le domaine Prieur.
Dans un tel cas, aucun souci de se faire berner par l’étiquette. Mais on me rétorquera que j’ai pu me faire berner justement par son absence, anticipant un vin « moyen » tout en ayant ce fantasme du vin « magique mais inconnu ». Honnêtement, je ne saurai répondre.
Parce que l’on peut avoir toute l’expérience que l’on veut, il nous restera toujours des préjugés, espoirs et rêves qu’on ne pourra pas détacher d’une étiquette… Ou de son absence.
Combien de fois nous ferons nous encore berner par une belle étiquette négligemment posée sur un flacon ? Assurément encore beaucoup trop, et c’est ça aussi qui fait le charme du vin.