J’ai eu la chance récemment de profiter d’une dégustation verticale organisée par Lavinia & le Château Pichon-Longueville Baron. Château historique s’il en est et 2nd Cru Classé du Médoc, j’étais quand même impatient de faire cette verticale s’étalant de 2001 à
2009, avec en « bonus » deux vieux crus de 1996 et 1990 ! La réputation du château n’étant plus à faire, dans un style élégant et corsé, typiquement Pauillac, avec son encépagement majoritairement Cabernet-Sauvignon, cela va de soi !

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Voici donc une petite présentation rapide de mes sensations sur les différents millésimes dégustés ce soir-là :

2009 : Un vin suave, mais doté d’une amplitude assez impressionnante. Encore sur la réserve, mais on garde une sensation d’un vin jeune, agréable, se montrant très charmeur, limite joyeux. C’est un peu un gamin encore tout fou qui doit se maîtriser, mais on sent un grand potentiel en lui.

2008 : Autant le 2009 était un gamin fougueux, autant le 2008 est beaucoup plus typé Pauillac, plus « notable sérieux ». Tout en profondeur, on sent un vin qui creuse, plutôt austère, mais sans tomber non plus dans la lourdeur. Il garde sa finesse et son « rythme » typique.

2007 : Ma grosse déception de la dégustation. On savait 2007 une année difficile, mais là… Techniquement, il n’y a pas vraiment de raisin dans ce vin, du moins en terme aromatique. Beaucoup d’élevage pour ce vin qui ne garde finalement que cela. Du bois, de l’empyreumatique, du toasté… c’est très bien réalisé, très bien élevé, le fruit est juste mort dans ce vin, ce qui lui donne un côté « zombie », artificiel, sans intérêt.

2006 : J’aime généralement beaucoup 2006 pour l’acidité que l’on retrouve cette année sur les Bordeaux.  Et ce Pichon-Longueville Baron ne déroge pas à la règle. Un élevage discret, un léger déséquilibre sur l’acidité (quasiment le seul vin avec ce léger déséquilibre sur toute la dégustation), des tanins pas encore affinés. Mais cependant de la vie, une légèreté de jeunesse très agréable en bouche.

2005 : « Le millésime du siècle », ou du moins de la décennie. Et il faut dire ce qui est, le vin est effectivement impressionnant. A la fois doux, il présente une charpente et une structure tannique exemplaire. Les tanins se montrant de plus parfaits. C’est un vin qui doit vieillir, mais il présente tout ce qu’il faut, du fruit, de l’amplitude, de la minéralité, un équilibre idéal…bref, que dire ?

2004 : Très discret en début de bouche, le millésime 2004 s’affirme progressivement sur une finesse et une fraîcheur très agréable. Il se montre très sympathique sans être envahissant, et représente tout à fait le genre de vin que j’aime : A la fin du repas, la bouteille est vide, mais personne ne l’a vue se vider.

2003 : Un millésime marqué par la chaleur, et donc le côté parfois trop « alcoolique » de ses vins. Et le Pichon-Longueville Baron n’est pas passé à côté. L’éthanol est toujours là en bouche, mais il a su être contenu par un côté très large et fruité, presque exubérant. Très court en bouche (mais ce n’est pas ce que l’on demande à ce millésime), il rappelle parfois même un grenache du Languedoc par ses arômes presque confits.

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2002 : Un millésime plus sur la profondeur que l’exubérance. Il reste malgré tout assez austère (typicité de Pauillac, quand tu nous tiens), et présente trop de caractères issus de l’élevage. Etait-ce un souci de la bouteille ? Je ne saurais dire, mais je lui ai trouvé un côté ultra boisé qui m’a étonné pour le style du château.

2001 : Petit dernier de cette verticale, il présentait une très belle finesse, associée à une profondeur et une longueur exemplaire. C’est un vin franc, avec ses arômes de fruits noirs, d’épices et poivron. C’est fin, c’est précis, c’est profond, c’est ce que j’attends d’un Pauillac de ce niveau.

1996 : Le premier « papy » de la dégustation… Non seulement au niveau de son âge, mais aussi de son style. Une belle complexité avec des notes d’épices, de caramel, de menthe, mais aussi un petit côté animal qui ne déplait pas. Aucune violence dans ce vin qui présente une structure acide nette, droit dans ses bottes et long en bouche. Un grand Pauillac qui donne l’image du notaire sûr de lui, complètement à son apogée.

1990 : Second papy de l’histoire, il nous offre des fruits presque confits et des notes de cuir charmantes. En bouche, il se montre corpulent, puissant, mais en même temps fin et droit. Il a de la longueur en bouche, et bien que moins « avenant » que ses successeurs, il montre une stabilité sans faille. Un vin qui était certainement moins flatteur dans sa jeunesse, mais qui a pris le temps d’évoluer. C’est clairement un très grand vin, équilibré et évolué.