Il y a une règle immuable chez moi : Il doit toujours y avoir une bouteille de champagne au frigo. Au moins une, car on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle (oui, je suis un grand optimiste). Ajoutez cela au fait que j’ai passé presque 4 années de ma vie dans la Cité des Sacres (Reims pour ceux du fond qui ne suivent pas), vous comprendrez alors que la gestion de mon stock de champagne est quelque chose de sacré.
Ces derniers jours, le stock se raréfiant, je me suis donc préparé à partir en vadrouille en terres champenoises. Ayant dégusté il y a maintenant quelques années les champagnes Tarlant durant un salon du vin, et échangeant beaucoup avec eux par médias sociaux interposés, je me suis dit qu’il était de mon devoir de venir visiter le domaine et découvrir plus en détail ces vins produits dans le ravissant village d’Oeuilly (avec une superbe vue sur la vallée de la Marne…mais quand il fait beau).
Croyez-moi, les vignes de la vallée de la Marne, un début février à 11h du matin, c’est frisquet… Voir très frisquet. Mais quel plaisir que d’entendre Benoît nous présenter ses parcelles, décrire ses sols et ses essais, qu’ils soient d’encépagement ou de culture. Les sols sont chez Tarlant particulièrement bien traités, et cela se voit à la couleur. En haut du côteau, on reconnait les parcelles de Tarlant à leur couleur verte. Alors que beaucoup de vignes sont posées sur un sol noir et terne, les vignes du domaine sont implantées sur un sol vivant, riche. Le sol fait partie intégrante de la culture du raisin, au sein d’un système harmonieux où l’on respecte autant le végétal que le sol qu’il occupe. Benoît privilégie toujours les traitements sains, à base de décoctions et tente de limiter au maximum les traitements chimiques.
Cependant, Benoît ne recherche pas de label « bio » ou « biodynamie ». Dans un discours qui n’est pas sans rappeler celui de Philippe Foreau du Clos Naudin à Vouvray, le domaine Tarlant ne souhaite pas appartenir à un groupe, à une chapelle, si ce n’est celle du bon vin. Et pour un bon vin, il faut un beau fruit, et pour un beau fruit, il faut des vignes saines et un sol vivant.
Après ces visites enrichissantes vient le temps de la dégustation, ou comment découvrir ce vin que l’on a l’impression de déjà connaitre pour en avoir aperçu l’élaboration.
On commence sur le Zéro Brut Nature. Comme son nom l’indique, ce champagne est non dosé, laissant donc le raisin s’exprimer au mieux. Composé des trois cépages champenois à égal ratio, c’est un vin franc, frais, porté sur des arômes floraux et une tension assez remarquable… et plaisante !
On reste dans les vins à zéro dosage avec le rosé zéro… Comment le dire simplement… C’est certainement ma plus grosse baffe dans les champagnes rosé. On retrouve toute la droiture et la fraîcheur du zéro brut, avec en plus un côté charnel, gourmand sur les fruits rouges. Un très grand champagne de pur plaisir !
Alors maintenant arrive la cavalerie, donc attention les yeux et les papilles, c’est là que l’on se réveille et profite un max. A commencer par la Vigne Royale. Pas encore commercialisée (et donc dégustée en avant-première…la classe), nous parlons ici d’un projet perso de Benoît d’un champagne blanc de noirs (donc 100% Pinot Noir en provenance de Celles-lès-Condé). C’est pour le coup opulent, beaucoup de matière (normal pour un blanc de noirs me direz-vous), mais toujours cette longueur en bouche phénoménale, digne des grands vins de terroir, et des belles vignes.
Pour conclure, nous avons terminé sur la Cuvée Louis. On parle ici d’un champagne composé de raisins vendangés durant le siècle dernier (bon…ok, 1996, 1997, 1998 et 1999, mais c’est valable, et toc). On est face à un vin issu de superbes fruits, d’un élevage et assemblage remarquable. Vin posé et harmonieux, il est doté d’une richesse impressionnante, toujours tenue par cette tension, marque de fabrique de la maison. Un ami journaliste présent durant la dégustation a parlé d’un « fleuve tranquille » pour qualifier ce champagne…et l’on doit bien dire qu’il a su trouver les mots justes !
Encore merci à Mélanie et Benoît Tarlant pour cette belle rencontre, et à très bientôt !