Après quelques billets viniques, je me suis dit que je n’avais pas rempli mon quota d’articles autour des spiritueux.
Sauf que j’étais à sec.
Pas d’idées.
Nada.
Et là, tel le Messie, un ami est venu boire un verre à la maison, et pour une fois, j’avais envie de faire des cocktails.
Oui, ce sont des choses qui arrivent.
Je prépare donc mon attirail, et souhaitant au mieux répondre à sa requête (un Gin Tonic), je lui propose quelques gin : Bombay Sapphire, Bombay Sapphire East ou Citadelle ?
Devant son air interrogateur, je sors donc 3 shots afin de les lui faire goûter, pour mieux en apprécier les différences et donc voir celui qui correspondrait le mieux à son humeur du jour.
Et là : THE question.
« Mais pourquoi prendre d’aussi bons alcools alors que tu vas en faire de toute façon un cocktail ? »
Moment d’horreur. Les babines se relèvent, les poils se hérissent, le sabot racle le sol et on commence à grogner. Sauf que plutôt que de balancer mon ami de toujours par la fenêtre de mon 6e étage à la manière du Comédien dans Watchmen, je me suis dit qu’il était peut-être plus judicieux d’en parler avant.
Genre on est civilisé quoi.
Donc oui, pourquoi se faire ch**r à prendre un bon gin, une bonne vodka, un bon whisky (et par la même un bon tonic, un bon ginger ale) alors que de toute façon, tout sera noyé dans un cocktail ?
Et bien pour la plus simple des raisons : on veut faire un bon cocktail.
Demandez donc à nos collègues des blogs culinaires s’ils peuvent nous sortir un plat qui tue avec des ingrédients de mauvaise qualité ?
Car oui, faire une vodka-orange ou un whisky-coca digne du meilleur PMU du coin ne nécessite pas une Stolichnaya ou un Hibiki. Un bon tord boyau en bidon de 3L avec du jus d’orange Lidl fera largement l’affaire.
Mais testez donc de sortir deux gin tonic avec les mêmes proportions. Pour le premier, mettez du Schweppes et un Gordon’s des famille (dans les 10€ chez votre supermarché préféré). Pour le second, fendez-vous d’une bouteille de Fever Tree et d’un Citadelle.
Goûtez à l’aveugle.
Et vous comprendrez pourquoi la purée Mou*****ne n’a pas le même goût que celle que vous avez mangé dans ce super bistrot. Car comme on dit en informatique : Shit in, shit out.
Tu prends des trucs mauvais, tu les moulines ensemble, même en étant super doué, tu n’en feras pas un produit qualitatif.
Ce n’est pas possible.
Le plomb ne se transforme pas en or.
Donc si tu veux faire un bon cocktail, tu as besoin de bons produits. Oui, avoir un bar avec 3 gins distincts, 2 vodka, 4 whiskies, 3 cognacs et armagnacs (tous de bonne qualité) ne signifie pas (uniquement) que tu es un dangereux pochard.
Ca signifie surtout que tu aimes goûter, tester, comparer, afin de proposer (au moins en cocktails) des produits agréables, qui correspondent à l’humeur du moment. Et qui, accessoirement, ne te détruiront pas la tête le lendemain… car oui, l’alcool déviant, c’est très mauvais.
Pas de mal de tête donc.
Même si tu fais des mélanges.
Promis.
Sauf après 1 bouteille entière.
Mais tu peux aussi en mourir.
Donc vas-y mollo.
Donc à la question en titre de cet article, la réponse est oui. Oui, il faut oser gâcher ses bons alcools dans de vils cocktails. Car ainsi, ils deviendront moins vils. Mieux que ça, ils deviendront même bons.
Attention, je ne dis pas que tous les bons alcools seront réussis dans vos cocktails. Et un Lagavulin-Coca vous laissera certainement un goût étrange en bouche. Après, si vous voulez essayer, tentez le coup avec de petits volumes.
C’est aussi comme ça qu’on apprend et découvre 😉