L’avantage à côtoyer la blogosphère vinicole, c’est que l’on rencontre très vite de très belles pépites dans de nombreuses appellations, et à peu près dans tous les styles. Il n’empêche que le style qui a le vent en poupe chez les amateurs aujourd’hui, c’est clairement et sans concession possible le vin nature. Sans revenir sur mon point de vue (j’en parlais déjà il y a plus de 2 ans), il est amusant de surprendre mes camarades amateurs mais sans affinités particulières pour ces vins durant les repas. Là où beaucoup attendent un vin qui sent “le cul de poney” et autres joyeusetés, sortir un chenin de Richard Leroy, un Faugères de Barral ou un vin de Lionel Maurel est toujours une belle découverte pour eux. En effet, ces vins natures sont souvent vivants, puissants et beaux à voir.
Il n’empêche que oui, effectivement, surfant sur cette vague, on trouve aussi du “cul de poney” assez régulièrement, et essayer un vin nature est toujours un tirage à pile ou face.
Les forces en présence
Donc, continuant dans cette optique, je m’amuse un soir dans un célèbre bar à vins de la capitale à commander deux vins de la même appellation, Pouilly-Fumé pour ne pas la citer. Les deux suivent une culture respectueuse du fruit, du sol, et de l’environnement en général. L’un est nature (Alexandre Bain pour ne pas le citer) et l’autre non (Louis-Benjamin Dagueneau). C’était donc amusant de comparer ces deux vins côte à côte.
Mais quel est ce vin ?
Le vin nature, une appellation en tant que telle ?
Je trouve donc cela dommage, qu’en mettant face à face deux des plus beaux vignerons de Pouilly, un dégustateur amateur ne soit pas capable de définir d’où vient l’un des deux vins. Chose amusante, en apportant la bouteille, le “sommelier” (comme on appelle les vendeurs/serveurs dans ce bar) a été obligé de nous demander si nous connaissions les vins d’Alexandre Bain, ce vin nécessitant une sorte d’avertissement par rapport à sa provenance, ou au moins une certaine éducation autour de lui. Et c’est ce point qui me pose souci, un vin ne devrait pas avoir besoin d’un enrobage autour afin que l’on puisse l’apprécier.
En conclusion, je trouve cela vraiment dommage qu’il faille presque, dans le monde du vin français actuel, définir une catégorie spéciale, cette “AOC” “Vin Nature”, où l’on retrouve des vins nécessitant une éducation, une formation. Car à y réfléchir, mon collègue, à peine le nez dans le verre a su dire “ça c’est un sauvignon de Loire” avec le Dagueneau, puis “ça c’est un vin nature” avec le Bain. Dommage pour ces AOC qui méritent bien plus que cela à mes yeux. Et si je mets les deux dans ma cave, si je veux sortir un Pouilly-Fumé, je sortirai toujours le Dagueneau en premier, car je n’ai pas ce courage de former à chaque fois mes convives…