Avec les fêtes, il est de bon ton de parler champagne (comme en témoignent tous les dépliants promotionnels de vos chaînes de cavistes préférés). Donc allons-y, parlons champagne.
Je ne reviendrais pas sur les spécificités de la région, ni de la production (ce sera pour plus tard…genre demain), ni du côté marketing (on y reviendra dans un coup de gueule prochain aussi), mais plutôt des champagnes que j’aime. Oui, aujourd’hui, j’ai envie de parler de ce que j’aime.
J’ai découvert le champagne de manière assez classique, dans un repas de famille, je devais avoir dans les 10-12ans. Et ma première réaction fut quelque chose du genre : « Berk, c’est dégueulasse ». Bon, derrière ces mots bien simples, j’entendais quelque chose du style : « Sacrebleu, comment peut-on faire une boisson aussi acide, verte, avec des bulles intrusives et violentes ? Définitivement, ce n’est pas une boisson pour moi, vite vite, retournons à l’Orangina ». Et je gardais cette réaction pendant quelques années jusqu’à mes 13-14 ans où, pour Noël, sur les conseils d’un caviste avisé, mes parents achetèrent du Bollinger pour Noël. Ce n’était pas une grande année, juste un brut standard, mais, pour la première fois depuis des années, en goûtant, non seulement j’ai aimé, mais je me suis en plus resservi (mais quel poivrot pensez-vous).
Ma curiosité attisée, j’ai voulu comprendre pourquoi j’ai aimé ce champagne et pas tous les autres avant. La première réponse que j’ai obtenue (et qui a fait office de mètre étalon pendant quelques temps) était : J’aime les champagnes à majorité pinot noir (je reviendrais à l’élaboration du champagne demain, j’ai dit). J’avais tort, en fait, j’aimais les champagnes vineux, venant de maisons sachant un minimum considérer leur production comme un vin, plus que comme un produit marketing.
Regardez Bollinger, mais aussi Gosset, Roederer, Deutz, Pol Roger (et fut un temps Ruinart), ces maisons ont un département marketing et font de la publicité oui, mais rien de comparable à d’autres à l’étiquette bleu, jaune ou avec des étoiles, vendues dans des boîtes designées par Lagerfeld ou autres Gaultier…suivez mon regard. Ces maisons, au-delà de faire un champagne plutôt vineux (comprendre, charnu, avec du corps), ont aussi un certain respect du vin et des fruits. Et ça, c’est plutôt plaisant.
C’est après donc quelques années de découvertes de ces maisons (dont quelques années passées à Reims en plus) que j’ai compris qu’il existait ces différents styles de champagnes, styles suivant un classement homemade :
- Les champagnes de supermarché : Canard-Duchene, Lanson, Jacquart, Demoiselle Vranken, Mumm, Nicolas Feuillatte, Charles Heidsieck… En gros, on oublie directement. C’est vert, ça pique. Aucun respect des raisins qui sont pressurés violemment, afin de faire des vins « pas chers » (entre 15 et 30€ la bouteille, ça fait déjà très mal), « qui piquent » (comprendre des bulles vives et violentes) et qui « font mal à la tête ». Bref, du grand art à oublier aussitôt. Pour ce prix, vous méritez bien mieux 😉
- Les champagnes de marque « renommée » mais qui vendent une marque : Pommery, Veuve-Clicquot Ponsardin, Moët & Chandon… Ici, on a des champagnes de « standing » (comptez entre 25 et 40€ la bouteille), mais qui malheureusement, peaufinent beaucoup plus le packaging et leur image de marque que le vin qu’ils sont sensés vendre. Ces marques vendent du rêve, une image du luxe à la française, mais malheureusement, ne se montrent pas aussi respectueux du vin qu’ils le devraient. Leur vin n’est pas imbuvable, mais manque profondément de complexité, d’honnêteté. C’est très, trop simple pour le prix.
- Les champagnes de marque « honnêtes » : Bollinger, Gosset, Pol Roger, Deutz, Ruinart, Roederer… Là, on parle de champagne chez qui le marketing est important (n’oublions pas que Bollinger a sponsorisé James Bond…), mais pour qui le contenu est aussi important que le contenant. On retrouve des vins frais, souvent longs en bouche (moins chez Ruinart peut-être), et dotés d’une complexité tout à fait agréable.
Je ne parle ici que des versions « bruts » de ces champagnes, je vous épargne les millésimés et grandes cuvées, qui peuvent renverser (un peu) ce classement (parfois).
Et si jamais vous trouvez votre champagne du réveillon un peu « vert », « qui pique » ou « qui donne mal à la tête », allez donc en essayer de nouveaux 😉