Continuons avec les rencontres du mois d’août avec Philippe Cuq. Philippe est le jeune et heureux gérant de la cave le Lieu du vin, située à deux pas du Père Lachaise à Paris, et à mon goût une des caves les plus sympathiques et dynamiques de la capitale !
Philippe a eu de nombreuses vies avant de se lancer dans l’expérience de caviste, vous le verrez…mais en attendant, laissons-lui la parole !
Bonjour Philippe ! En deux mots, qui es-tu, que fais-tu ?
En fait, je change de vie régulièrement et celle-ci est ma quatrième. J’essaie de me faire guider par mes passions, tout en essayant de garder contact avec le terre…Pas toujours simple, mais tellement plus motivant !
Peux-tu nous en dire plus sur ce choix d’ouvrir le Lieu du Vin ?
C’est une opportunité mûrement réfléchie après avoir décidé de quitter un poste de direction générale dans lequel je me sentait prisonnier de structures immobiles, incapables d’évoluer dans un monde qui change vite…
En réalité, c’est grâce (ou à cause) d’un caviste que j’ai rencontré quelques mois avant son ouverture, il y a plus de 13 ans : Paco Mora, de la Cave d’Ivry.Sa façon éthique de travailler et sa passion, le respect de ses clients et des vignerons m’ont toujours impressionné, et je me suis dit que si j’arrivais à travailler un peu comme ça, je pourrais y prendre beaucoup de plaisir. Du coup, comme je ne souhaitais pas pour l’instant redevenir consultant en management et organisation, je me suis dit que tenter l’aventure du commerce pouvait être intéressant.
D’autant que le vin est une passion depuis près de 20 ans et que j’avais eu déjà l’occasion de visiter nombre de vignerons, de faire du vin moi-même et d’animer de petits cours de dégustation avec un ami (on associait philosophie, histoire de l’art et oenophilie…). Après, le choix du lieu fut un pur hasard : j’ai cherché un an un lieu où je n’empiétais pas sur d’autres bons cavistes et où j’allais pouvoir travailler avec de la lumière et de l’espace…
Pourquoi s’orienter vers l’ouverture et la gestion d’une cave ?
Parce que je n’avais jamais fait ça avant !
Comment t’y es-tu pris ? As-tu suivi des formations particulières ? Un mentor ?
Un mentor non, mais quelques actuels collègues m’ont fortement aidé : Paco, évidemment, mais aussi Laurent Cerqueu (ancien caviste près de Tours) ou Christophe Ligeron (« Un midi dans le Vignes » à Rennes). En plus, il existe depuis quelques années un groupe de cavistes alternatifs (http://www.cavistes-alternatifs.com/) que nous avons constitué en association récemment et dans lequel j’ai été accueilli. Ils m’ont beaucoup aidé à réfléchir, à constituer ma gamme, et on a bu de bons coups, aussi…
Le point essentiel est que je ne vends que des vins que j’aime ; l’essentiel de ma préparation a donc consisté à aller rencontrer pas mal de vigneronnes et de vignerons dont j’aime le travail, en parallèle de ma recherche de magasin, pour constituer ma gamme. S’agissant du reste, comme ancien DG public et gérant de cabinet de conseil, j’avais les bases pour la gestion. J’ai aussi suivi une formation de créateur d’entreprise à la CCI de l’Aveyron…
N’est-ce pas trop dur dans la gestion au quotidien ?
Par contre, effectivement, je bosse minimum 10 heures par jour 6 jours sur 7, et parfois 7 sur 7. C’est assez épuisant, physiquement. Sans compter que c’est un milieu où les sollicitations sont incessantes : invitations à déjeuner, à déguster, à dîner tous les jours ou presque… Et le pire c’est que nombre des gens que l’on rencontre dans cette approche alternative (vins bio et naturels, pour l’essentiel) sont passionné-e-s, passionnants et extrêmement sympathiques ! C’est parfois difficile de refuser. Il faut faire un peu attention et se ménager des périodes de coupure, comme cet été où je ferme 4 semaines.
On peut croire que c’est une vie géniale, et c’est parfois vrai, mais c’est aussi épuisant. Il me tarde d’être en congés pour ne plus aller au restaurant !
Qu’aimes-tu le plus dans cette vie ?
Je pourrais citer beaucoup de choses ! La découverte, la surprise, la littérature, la musique, le vin, découvrir d’autres cultures, la peinture… Mais pour en rassembler plusieurs d’un coup, ce serait écouter Yuja Wang jouer le concerto n°2 de Rachmaninov, avec la femme que j’aime, en partageant avec elle un magnifique vin, de ceux qui donnent des frissons…
Merci beaucoup Phillipe pour cet échange 🙂
Vous pouvez donc retrouver Philippe sur son blog ou chez lui à l’adresse suivante :
Le Lieu du Vin
3 Avenue Gambetta
75020 Paris