La Percée du vin jaune 2020

Depuis 23 ans maintenant, chaque premier week-end de février voit se dérouler dans un village jurassien producteur de vin jaune la Percée du vin jaune.

Cette tradition consiste donc à ouvrir les fûts de vin jaune, spécialité du Jura, après 6 ans et 3 mois d’élevage en fûts.

Le vin jaune, un grand vin oxydatif

Le vin jaune est produit exclusivement à base de savagnin, cépage blanc que l’on trouve dans l’est de la France, en Allemagne et en Autriche. Il est apparenté aux pinot noir. C’est un cépage produisant des vins puissants, plutôt épicés, riches en sucre sans perdre en acidité, ce qui en fait donc un excellent candidat pour produire un vin de voile.

Le vin jaune, Banyuls, Xérès et Madère

Petit rappel pour ceux du fond de la classe, un vin de voile est un vin élevé de manière oxydatif. Comme vous le savez, lors de l’élevage d’un vin se déroule une évaporation d’une partie du liquide. Certains appellent cela « la part des anges ». Sur la grande majorité des vins, les vignerons ouillent le fût. Cela signifie qu’ils remettent régulièrement le vin à niveau dans le fût afin d’assurer un minimum d’échange avec l’oxygène, potentiel danger pour le vin.

Et bien les vins de voile ne sont pas ouillés. Ainsi, la part des anges n’est jamais remplacée, et petit à petit, un voile de levure se forme en surface du vin, le protégeant de l’oxygène. On appelle cet élevage oxydatif, ou élevage sous voile. La typicité des vins élevés sous voile sont des arômes de rancio (noix, noisette, amande…).

Les vins de voile les plus célèbres sont donc évidemment le vin jaune du Jura, les Banyuls et autres vins doux naturels, mais également les xérès en Espagne, ou les madères portuguais.

Maintenant que l’on sait ce qu’est un vin jaune, si on en ouvrait une bouteille ou deux ?

Domaine Grand – Château-Chalon – En Beaumont – 2012

Impossible de ne renier son appartenance à la famille des vins jaunes tellement le nez cri rancio ! Noix, noisettes, légèrement fumé, presque floral, c’est d’une belle complexité.

La bouche réussie à être oxydative sans agressivité aucune. C’est aussi gras, volumineux que net et précis. Un bel équilibre donc sur une finale minérale, longue, portée par le rancio qui nous aura accompagné tout du long.

Domaine Dugois – Vin Jaune – Arbois – 2012

Un millésime qui s’exprime de manière très solaire au domaine Dugois. En plus du rancio typique, on trouve des agrumes au nez sur ce vin jaune d’une belle expressivité. Ces fruits jaunes cependant disparaissent en bouche, laissant la place à une grande fraîcheur et minéralité.

Domaine Michel Tissot &Fils – Vin Jaune – Côtes du Jura – 2012

Un joli vin chez Michel Tissot & Fils. Une belle complexité aromatique autour de la noisette, des amandes. La bouche est toute en maîtrise, entre une structure puissante et une acidité tranchante.

Domaine Berthet-Bondet – Château-Chalon – 2012

Le nez est franc sur cette bouteille. Nul doute ici, nous sommes sur un vin jaune, et plus précisément un Château-Chalon qui s’assume, riche, aux belles notes de rancio et de miel.

La bouche ne dénote donc pas, proposant un équilibre impeccable entre le gras et l’acidité. Sur une finale fraîche, portée par le rancio.

Domaine Jean Bourdy – Vin Jaune – Côtes du Jura – 2009

Autre millésime, donc autre expression du vin jaune. N’ayant goûté que cet exemplaire de 2009, difficile à dire si la typicité forte de cette bouteille sur les épices est une marque de millésime ou du vigneron.

Quoiqu’il en soit, le nez est surprenant, porté par ces épices. Épices qui accompagnent parfaitement la noix, l’amande et le miel dans la palette aromatique de ce vin.

En bouche, on est frappé par la puissance de ce vin, puissance qui ne sacrifie aucunement l’acidité, marque de fabrique de l’appellation. L’équilibre remarquable se prolonge sur une finale longue et fraîche, mettant en avant ces épices accrocheuses.