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Evin alors ?

evinComme maintenant de manière assez régulière, quand de nouveaux débats parlementaires sur une prochaine loi de santé publique, la question de la loi Evin et de sa clarification revient sur la table.

Evidemment, les hygiénistes de tous poils sont pour un durcissement de la loi, quitte à interdire tout simplement de parler de vin et d’alcool partout et en particulier sur Internet (ce qui rendrait la tâche de votre serviteur bien complexe). De l’autre côté, beaucoup se battent pour la clarification de la loi Evin (cf. l’action de vin et société visible ici et dont j’aime beaucoup la vidéo).

Je ne m’appesantirai pas sur le pour et le contre, car il semble un peu évident de par mon orientation et mes articles précédents que bon, je suis plutôt favorable à l’éducation et non à l’interdiction de toute communication autour de ce qui compte un degré d’alcool supérieur à 2% (y compris le parfum alors…mais je m’égare).

Non, ce qui me fait réagir, c’est avant tout un commentaire très bien senti de mon cher collègue François Monti suite à une citation dans un des derniers articles de Nicolas de Rouyn :

Effectivement, pour un amateur de spiritueux, cette réflexion peut faire grimper aux rideaux…autant qu’on peut faire hurler un amateur de vin en considérant seulement ce dernier par son degré d’alcool.

Alors quand on aime les deux, je vous raconte pas ma pauvre Germaine…

Demandez donc à Georges si sans rhum, la Constitution aurait été aussi vite ratifiée tiens

On peut lire sur le site de vin et société, « la loi Evin oublie que le vin n’est pas que de l’alcool ». Cette phrase pourrait (et devrait selon moi) être élargie à toutes les boissons en général. Car il est difficile de réduire le Gin, le Rhum et tout autre spiritueux à son simple niveau d’alcool. Chacun a son histoire, sa culture, et a eu une influence sur une région, une histoire, qui fait qu’on ne peut simplement dire que c’est une boisson alcoolisée. Il suffit de voir l’impact du Rhum sur l’histoire des Amériques pour s’en convaincre (non, le sucre et le tabac n’étaient pas les seuls bien s qui transitaient dans le Commerce Triangulaire).

Donc quand on adresse le problème de la loi Evin (qui, rappelons-le, a quand même pour but d’éviter la consommation excessive d’alcool, en particulier chez les jeunes), ce n’est pas juste une histoire de vin. C’est une histoire avant tout de lutte entre l’éducation et la prohibition.

Car comme il est plus dur de se prendre une cuite au rosé pamplemousse quand on a un peu bourlingué, rencontré des vignerons et goûté de vrais bons vins, il devient quasi impossible de boire une vodka premier prix ou un mauvais whisky coca quand on a découvert de grands Single Malts et les hommes qui sont derrière.

Il est important (et passionnant) de remettre le vin dans son contexte historique, ainsi que de montrer les hommes qui travaillent dur afin de nous proposer des produits de grande qualité, qui nous racontent une histoire. Mais par pitié, ne le confrontons pas non plus aux spiritueux, qui ont, eux aussi, leurs lettres de noblesse.

Car la lutte contre l’alcoolisation excessive passe surtout par là : l’apprentissage, la culture, l’histoire et la dégustation. Encore une fois, je connais autant de gens qui rêvent d’une villageoise après avoir goûté à un Pommard de Chantal Lescure que de personnes qui vendraient leur âme pour un William Peel après avoir connu un Talisker 57 North.

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