Dégustation des gins de l’Edinburgh Gin Distillery
Tom Delanoue
En vadrouille récemment dans la capitale écossaise, et ayant envie de changement après les quelques distilleries de whisky préalablement visitées (comment ne pas y aller ?), j’ai donc été traîner mes guêtres à la distillerie de l’Edinburgh Gin.
Edinburg Gin a été créée par la société Spencerfield Spirit en 2010, société reprise en 2005 par Alex Nicol, ancien directeur marketing de Glenmorangie. Elaborant d’abord des blends de whisky (Pig’s Nose et Sheep Dip), Alex Nicol a voulu réorienter la production vers les gins, ce qui a donné naissance à cette distillerie. Difficile à première vue de ne pas penser à la Distillerie de Paris de Nicolas Julhès : distillerie en centre ville, cachée derrière quelques portes et avec de magnifiques alambic(s) à taille humaine derrière… Ceux de l’Edinburgh Gin Distillery sortent de chez Carl à Stuttgart, et ont été fait sur-mesure…comme pour la Distillerie de Paris.
Si le gin classique est produit en dehors des murs par Spencerfield Spirit dans la campagne écossaise (dans la région de Fife pour être précis) d’un alambic répondant au nom de Gin Genie (dédicace à un certain David Bowie, mort au moment du baptême de l’alambic), les small batchs sortent de deux plus petits. Un pot still (alambic charentais) nommé Flora pour les gins très aromatisés (comme le Seaside dont nous allons parler) et un hybride à base de pot still mais finissant en colonne Coffey au nom de Caledonia pour les gins plus costauds comme le Navy Strength.
Pour le gin de base, ce ne sont pas moins de 14 aromates différents qui sont utilisés, presque tous en provenance d’Ecosse. Dans le désordre, nous y trouverons donc de la genièvre (normal pour un gin), de l’angélique, de la coriandre, des zestes d’orange, de citron, des mûres séchées, de la cannelle, de la citronnelle, de la racine de réglisse, du pin, de la lavande, du malt, de la noix de coco et la racine d’iris. En fonction de la fragilité des aromates, ils peuvent être infusés dans l’alcool lors de la seconde distillation, ou bien suspendus en haut de l’alambic afin de n’être que traversés par les vapeurs d’alcool.
De jolis produits donc, mais ça donne quoi en dégustation ?
Edinburgh Gin 43%
Un gin très orienté botanique, rappelant par exemple un Bombay Sapphire avec une complexité supplémentaire. Le travail des arômes est très bien fait, et on retrouve parfaitement ces mêmes arômes en bouche. L’attaque est douce, sur les notes de citron, puis arrivent les autres aromates. Cette douceur se maintient tout du long de la dégustation, s’accordant bien avec le côté légèrement huileux du gin.
La finale est aussi ronde que la bouche sur les épices, offrant un petit « punch » final sur le citron.
Un gin qui saura plaire sur un tonic neutre, type Fentiman’s ou Fever Tree.
Un gin souhaitant nous rappeler le bord de mer anglais…je vous avoue que je ne suis pas expert de la chose, mais force est de constater que ce gin, réalisé en commun avec les étudiants de l’université Heriot-Watt formant les master distillers de demain est une belle réussite. Beaucoup plus frais, plus salin que le classique 43%, ce gin n’est pas sans rappeler un Martin’s Miller sur le côté « marin ». Un peu plus sec, c’est ici le citron qui prédomine, avant de laisser sa place à une bouche et une finale fraîche, avec un côté salin réussi. Un coup de coeur qui vous fera chavirer avec un tonic frais tel que le Mediterranean Tonic de Fever Tree.
Région : Ecosse Appellation : London Dry Gin Domaine : Edinburgh Gin Cuvée : Edinburgh Gin Seaside 43% Millésime : Sans Prix : Aux alentours de 35£ Site internet : http://www.edinburghgindistillery.co.uk
Edinburgh Cannonball 57,2%
Reprenant le principe des « navy strength », ce gin titre donc à 57,2%, comme à l’époque où pour être embarqué sur les bateaux, le gin devait être assez fort pour, en cas de mélange avec la poudre à canon, ne pas empêcher cette dernière de s’enflammer. Le nez est assez neutre étonnamment, surtout comparé aux aromatiques puissantes des autres gins de la maison. La bouche est à son opposé, très puissante sur la genièvre, même si l’équilibre est réussi de manière à ne pas trop souffrir de la morsure de l’alcool. Quasiment fumée, la bouche est sèche et offre de nombreux arômes, et la finale se présente comme sèche, malgré un corps pourtant assez huileux. Un gin de contemplation plus que de Gin & Tonic !
Afin d’agrandir la gamme, la distillerie a développé quelques liqueurs qui sont très surprenantes et réussies ! Un très grand coup de coeur pour cette liqueur rhubarbe et gingembre qui nous offre une belle rhubarbe au nez qui s’accorde parfaitement en bouche avec le gingembre. La structure de la liqueur est très équilibrée entre la douceur et la fraîcheur, entre les épices du gingembre et la douceur de la rhubarbe…un vrai plaisir !
Région : Ecosse Appellation : Liqueur Domaine : Edinburgh Gin Cuvée : Edinburgh Gin’s Rhubarb & Ginger Millésime : Sans Prix : Aux alentours de 20£ Site internet : http://www.edinburghgindistillery.co.uk
Liqueur de gin Plum & Vanilla
Seconde liqueur qui m’a laissé un grand souvenir, celle à la prune et vanille. La bouche est d’une grande gourmandise, sans non plus tomber dans le sucre à outrance. L’équilibre est parfaitement maintenu entre le sucre, l’alcool, la fraîcheur et la liqueur arrive même à s’offrir une certaine sécheresse en finale, donnant un goût de « reviens-y » tout à fait charmant !
Région : Ecosse Appellation : Liqueur Domaine : Edinburgh Gin Cuvée : Edinburgh Gin’s Plum & Vanilla Millésime : Sans Prix : Aux alentours de 20£ Site internet : http://www.edinburghgindistillery.co.uk