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Coravin, ou comment apprécier vos bouteilles sans les ouvrir

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Comment dire ? Disons que les tests d’accessoires divers autour du vin ne sont pas dans mes habitudes. Une fois la bonne vieille carafe, le limonadier, le bilame (pour les vieux bouchons récalcitrants), un seau à glace et les stop-gouttes (bien pratiques) passés, il ne reste pas grand-chose qui bouleversera votre quotidien d’amateur de vin. Alors oui, vous pouvez avoir une pompe à air (utile si vous ne sifflez pas votre bouteille d’un coup), une cave pour 1 bouteille (je n’en vois toujours pas l’intérêt), le coupe-capsule (seriously ?) ou encore la magnifique clé du vin (qui « vieillit » votre vin de 10 ans en 10s… **raclements de gorge**), mais bon, l’intérêt est somme toute assez limité. A moins d’avoir reçu beaucoup de cadeaux de Noël et/ou de vouloir tout essayer.

La v1 de la bête

Il y a maintenant quelques temps est apparu sur le web un nouveau concept nommé le Coravin. L’idée ? Un accessoire doté d’une très fine aiguille qui va percer votre bouchon en liège, permettant d’injecter de l’argon (neutre donc) dans votre bouteille, avant de récupérer un peu du précieux nectar. Le côté révolutionnaire ? L’aiguille est tellement fine que votre bouchon va se reformer derrière, laissant votre bouteille toujours aussi étanche, et vous aurez prélevé votre verre sans que le reste de la bouteille ne soit au contact de l’oxygène.

En pratique, vous pouvez vous prendre un verre en 2014, un autre en 2016, un troisième en 2018, le tout sans que votre vin ne subisse les effets du temps. Rêve ultime de tout possesseur de cave, vivant dans la peur perpétuelle de ne pas ouvrir une bouteille à son apogée.

Je dois vous avouer que ce concept me semblait fort peu probable, et le côté « charlatanisme » m’inquiétait un peu. Le possesseur de cave est souvent crédule, et le risque est tapi à tous les coins de rue.

Donc quand on me propose de venir tester le Coravin, ni une, ni deux, je saute sur l’occasion.

Une fois les présentations avec l’objet faites, on attaque le vif du sujet : un Puligny de 2000 bien sous tout rapport ayant eu son premier prélèvement il y a un mois. Autant le dire tout de suite, le verre était impeccable. Le vin n’était clairement pas oxydé, et on aurait ouvert la bouteille 1h avant qu’il aurait eu la même tête. Et malgré les petits trous dans la capsule visibles, en retournant la bouteille, pas une goutte ne tombe. C’est quand même beau le liège (et la technologie).

Premier test concluant donc, mais bon, un mois, un bon Ethymotic sait faire aussi. Vous savez, l’Ethymotic, c’est cette machine vitrée avec plein de bouteilles derrière et avec laquelle vous vous servez au verre (comme chez WinebyOne par exemple). Certes, un peu difficile à stocker chez soi, je l’admet. Attaquons donc maintenant l’artillerie lourde : un Cos d’Estournel 1999 ayant connu son premier prélèvement le 07 avril 2005. Ouais, ça ne date pas d’hier. 9 ans d’ouverture virtuelle donc. Et un vin encore impeccable. Aucune sensation d’oxydation, un vieillissement qui semble parfaitement normal, et donc un vin parfait à boire. Dur à croire que son premier verre ait été prélevé il y a près d’une décennie.

Et voilà donc un Tom scotché.

Je m’imagine prélever comme ça sur un coup de tête un verre de quelques magnifiques flacons que j’ai, juste comme ça, pour une soirée, ou juste pour goûter s’il faut attendre ou non avant de retirer la protection en liège. Je me vois aussi scruter quelques vieilles caves d’amis, à prélever quelques gouttes afin de voir si oui, on peut ouvrir ces Echezeaux 1987 ou non. Bref, le rêve de gosse qui se réalise.

Alors oui, cela ne m’empêchera pas de réserver certaines bouteilles pour un grand évènement, et de jouer « à l’ancienne » le risque d’ouvrir la bouteille. Car c’est aussi ça le plaisir du vin.

Mais pour tout le reste, goûter des bouteilles afin de voir quand arrive leur apogée, être sûr de la sortir au bon moment et qu’elle ne soit pas bouchonnée, avouez que c’est un certain luxe non ? Et en plus, ce luxe est abordable (dans le sens où si l’on a une cave bien fournie, le jouet n’est pas si cher que cela).

En bref, oui, le Coravin a détrôné un nième iPad dans ma liste de Noël (ceux qui me connaissent savent que c’est pas peu dire), et en plus ça tombe bien, il est moins cher ! Comptez 300€ pour le jouet, et une dizaine d’euros par cartouche d’argon (avec laquelle vous prélevez une quinzaine de verres), trouvable en ligne et chez tous vos revendeurs favoris. Comme quoi, l’innovation a du bon parfois !

P.S : Ce Cos d’Estournel était à point 😉

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